Parfois quand je pense à lui je me dis que je n’avais jamais été amoureuse avant. C’est un peu cliché et pathétique cette phrase. Ou du moins ça pourrait l’être. Mais.

Mais. Avant. Mais avant j’attendais tellement de l’amour. Non. Pas les merveilles promises dans les contes pour enfant bêtifié. Non. Je me servais de l’amour comme d’un cocon. Un petit trou. Ma petite grotte. Où j’aurais pu me blottir et oublier. Le monde. La vie. L’existence. Moi.

Etc.

Bien sûr, j’aimais ces hommes-grottes. D’ailleurs certains d’entre eux m’ont fait de magnifique bulle. Je pouvais m’anéantir avec délectation. Ils me protégeaient. Ils s’occupaient de moi. Panser mes blessures. Me rassurer.

N’être que pour l’autre.

Etre tout pour l’autre.

Et puis fatalement. Le réveil. En sursaut. Un homme dans mon lit que je  ne supporte plus. Parce qu’il est si prévenant qu’il s’inquiète de tout. Parce que tout d’un coup il a peur que je sorte dans le monde et que je m’aperçoive que je n’ai pas besoin de lui.

Je n’aime pas cette sorte de peur. Je n’aime pas sentir cette sorte de peur chez l’autre.  Le peur de la perte.

Laissez faire l’irrémédiable.

Mes relations se sont toujours mal finies. Pas de drame mais une dégradation lente et douloureuse.

Je suis trop lâche pour quitter un homme.

Un jour, je me suis même mariée. Avec un homme exemplaire. Un homme pour me protéger, un homme qui ne rêvait que d’une chose : s’occuper de moi. J’ai passé 3 ans blotti dans ses bras. Molle et triste. Désespérée et vide.

Le bleu du ciel, un printemps, de grands yeux en amande m’ont ramené sur terre. Douloureusement. Miraculeusement. J’ai quitté mon mari. J’ai commencé à grandir. J’ai compris que je ne devais pas attendre d’un homme qu’il me protège. Surtout pas  de la vie. Ma vie.

Alors j’ai pu rencontré mon amoureux. Et j’ai découvert que l’amour était un cataplasme. Qui rend la vie plus belle mais pas plus facile.

(1) comme dirait Laure à Loana dans une phrase mémorable du loft 1 j’étais « amoureuse de l’amour »