L'angoisse. Indicible. Intangible. Les limbes de mon ventre. L'amoureux est tout près et je ne peux pas le toucher. Je sens la moindre distance comme infranchissable. L'horreur est toute proche, l'irrémédiable tisse des fils autour de ma bouche. Je suis muette.

Le sexe: seule alternative pour lui dire ma détresse. Violent. Sauvage. Anonyme. Desespéré. Mes sanglots après. L'effondrement post coitum. Son inquiètude
"t'ai je blessée?"
Non. Les murs qui me protègent se craquèlent. Sous l'impulsion d'une rage sourde. D'un plaisir maudit. De l'impuissance à dire. Aimer. Les sanglots. Le pique de haine que je sens grandir en moi. Pour cet autre. L'alter.

Je le sens. Lui me quitte déjà. Des gestes inachevés. Des mots qui ne se prononcent plus. des attentions qui se relachent.

L'étau de ma sensibilité me broie. Chaque jour un peu. Un peu plus. J'en crève de douleur. De solitude. Je ne sais pas comment le retenir. D'ailleurs à quoi bon. Est ce que je l'aime seulement? est ce que je sais l'aimer?

Je tremble. J'ai froid. Mes membres se recroquevillent comme ils peuvent. Mon enveloppe charnel pour une fois me protège. Mes bras, mes jambes, ma tête, mon cou, mes épaules, mes seins créent un cercle infranchissable. Se concentrent autour de ma cicatrice. Mon ventre. Me protéger. Envelopper le sillon de ma douleur.