Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

l'amoureux

L'amoureux est un jeune homme sage. Il est né le 1er octobre 1975 dans le signe de la balance à Saint Cloud. A trois mois, il devenait catholique. 6 ans il entrait chez les jésuites. 18, il en sortait. 23, il obtenait une maîtrise de cinéma. 27 et il devint professeur de théâtre.

L’amoureux est devenu l’amoureux il y a 6 mois, par une sorte de faisceau impossible de hasards qui rendait notre rencontre et notre amour inéluctable.

Et sans doute éphémère. Mais qui peut savoir?

Histoire de l’amoureux.

L’amoureux a grandi dans une maison de la banlieue bourgeoise, 4ème et avant dernier enfant de son clan. Son père professeur de français, et sa mère institutrice se sont rencontrés dans le groupe scolaire et catholique pour lequel ils travaillaient tout deux à l’époque et qui se trouvait à Saint Cloud. Coup de foudre ou union raisonnable, l’histoire ne le dit pas clairement. Toujours est il qu’ils se marièrent et eurent effectivement beaucoup d’enfants.

Les débuts de ce couple issue de la petite bourgeoisie, furent difficiles. Manque d’argent et marmaille braillarde ne leur facilitèrent pas la tâche. Mais, bon an, mal an, ils acquirent dans les années 70, deux maisons en ruines situées l’une à côté de l’autre. Au fil du temps et grâce à la dextérité manuelle de monsieur, aux talents de ménagère de madame, ils se construisirent un foyer chaleureux. D’un côté, la maison « mère », des parents avec son grand living room et sa salle à manger, son bureau, sa salle télévision vidéo, et la chambre des adultes. De l’autre, la maison des enfants, avec ses nombreuses chambres. Monsieur se chargea de construire une cuisine gigantesque entre les deux ou les générations se retrouvaient à l’heure du repas du soir.

Madame avait des principes très clairs sur l’éducation. Elever des enfants consistait selon elle à pourvoir à leur besoin matériel. Elle laissa donc sa progéniture aller à sa guise dans le grand monde et ce dès le plus jeune âge. Les enfants avaient de quoi se nourrir, s’habiller, s’amuser et étaient inscrits dans les meilleures écoles catholiques de la région. Le reste n’était déjà plus de son ressort. Quant à monsieur, il était rare qu’il ait son mot à dire.

Le résultat fut et demeure mitigé. L’aîné de la fratrie après avoir pendant des années exercé une tyrannie sans faille sur ses cadets et fréquenté une école de commerce international s’est finalement marié à une riche héritière. Dans la foulée il est devenu banquier et voilà bientôt deux ans que son troisième enfant est né. Il possède une demeure à quelques kilomètres de ses parents, vote UMP, tire ses renseignements/enseignements du parisien et accumule toutes les qualités du bon réactionnaire de base. Ennuyé par sa vie, sa femme et ses enfants, il s’adonne depuis peu au plaisir de l’art, collectionnant au gré de ses envies des œuvres inclassables qu’il achète sur internet et dont la valeur, quelque soit le point de vue, est plus que douteuse. Longtemps fils préféré de madame, sa tendance à la bofitude lui a fait perdre sa place de challenger dans le cœur de sa mère.

La seconde, car c’est une fille, la seule, demeure un mystère même pour ses proches. Malgré la trentaine largement entamée et une plastique plus qu’honorable, on murmure qu’elle est encore vierge et amoureuse de son frère aîné. Assistante du DRH d’un grand groupe de presse, elle mène une vie d’ascète dans son appartement du 15ème arrondissement, hormis le week end qu’elle passe invariablement dans la maison de son enfance.

Le troisième, un garçon, se marie dans quelques mois. Souffre douleur des deux premiers, il est parti dès ses 18 ans à quelques milliers de kilomètres de sa famille poursuivre des études d’ingénieur. Il vit actuellement à Barcelone et se prépare à devenir Papa. Malgré son départ, il entretient de bon rapport avec les siens. De loin.

Le quatrième, c’est l’amoureux. Le rebelle. Le fils du père. Celui qui bouscule l’ordre familial, qui refuse de s’embourgeoiser et estime que la seule solution viable reste l’anarchie. Rêveur angoissé, il n’a pas d’ambition. Longtemps acteur, il a préféré abandonner sa vocation première au profit de la mise en scène et de l’écriture après une relation tumultueuse avec une actrice aux allures de femme fatale. Dilettante avant tout, velléitaire aussi, il lutte sans cesse contre son éducation catholique et ses peurs personnelles. C’est un romantique malgré lui, un déclassé volontaire et un amoureux authentique. Sa famille ne le comprend pas toujours mais nourrit pour lui une admiration qui frise parfois le fanatisme.

Quant au dernier fils, il vit dans la petite maison du jardin bien à l’abri du monde. Malgré ses 25 ans, il ne manifeste aucun désir d’indépendance. Multi phobique, son activité consiste essentiellement à consumer des drogues douces devant des jeux vidéo. Il écrit aussi, peint, fait de la photo et possède l’intime conviction de son génie. Sa vie de misanthrope est scandée par les repas du soir avec son père et sa mère et les visites de son dealer, un ami de lycée devenu photographe de mode. Il est gentil, doux et aime par-dessous tout Nabe.

L’amoureux n’aime pas sa famille. Cependant le ton exaspéré qu’il prend chaque fois qu’il l’évoque elle ou un de ses membres suffit déjà à dire son attachement. On ne se défait pas si facilement de ce genre de liens.

La fille au téléphone rouge, explication d'une exergue

« elle reprit : « alors finalement c’est vraiment arrivé ! Et maintenant qui suis-je ? Je veux m’en souvenir, si je peux ! Je suis bien décidée à le faire ! » Mais d’être si bien décidée ne l’aida pas beaucoup et tout ce qu’elle trouva à dire après forte réflexion fut : « L., je sais que ça commence par un L. »

Je suis née un peu après l’amoureux, en 1976. Une famille de la petite bourgeoisie parisienne et protestante. Elevée dans l’athéisme le plus pur et des idées saugrenues (un père peintre et une mère musicienne), fille unique destinée à devenir le joyau de ses parents, j’ai faillit à ma tâche. Refusant dès mon plus jeune âge toute forme de hiérarchie sans pour autant être insolente, j’ai pu échapper à mon destin en me réfugiant dans l’imaginaire et les livres. C’est la mort de maman quand j’avais 12 ans qui a sûrement changé ma vie. L’adolescence près de Papa fut tumultueuse. Nous nous disputions souvent, encore aujourd’hui, mais il a appris à me laisser en paix. J’aime le secret, lui pas. Il aime être exposer, moi pas. Mais c’est un type sympa même si il change sans cesse d’avis et pique parfois des colères phénoménales ( il a le chic pour les grandes scènes théâtrales).

Enfin de toute façon, j’ai grandi assez vite. Assez vite pour partir en tout cas. Des études qui suivaient mes passions. Des souvenirs de jeunesse. Des amours tumultueux. D’autres plus raisonnables. Une vie aujourd’hui légèrement chaotique mais banale. Papa dit que je fais la crise de la trentaine avant l’âge et que c’est forcément douloureux. Il s’agit de s’engager à présent dans la voie qui me ressemble le plus.

Le hic c’est que je n’ai strictement aucune idée de ce qui me ressemble. De ce à quoi je ressemble. De ma quête si il y en a une. De mes désirs et ils sont nombreux.

Ecrit par anonyme-76, le Mardi 17 Février 2004, 19:44 dans la rubrique Premiers Pas.

Commentaires :

Margotte
17-02-04 à 20:16

En effet, ça peut prendre du temps, et le temps n'a pas la même valeur pour tout le monde...

 
anonyme-76
08-03-04 à 17:37

Re:

le temps est souvent trop plein ou trop creux et je voudrais qu'il soit plus simple à vivre

 
Margotte
09-03-04 à 01:06

Re: Re:

Le temps prend son temps....

 
Abel
18-02-04 à 15:42

Très beau texte, merci pour cette présentation des personnages.

A bien vite dans d'autres de tes textes.

Abel


 
anonyme-76
08-03-04 à 17:38

Re:

Je n'écris pas souvent je suis trop paresseuse (et je n'en suis pas fière) . Merci pour les petits mots